Psychologie. Couple : Le Silence, Une Forme De Communication Très Violente
Le silence dans la cure analytique (aussi bien du côté de l'analyste que de celui de l'analysant) peut avoir de multiples significations. Il existe une très vaste production littéraire à ce sujet et il est possible d'en consulter une synthèse commentée dans le no 43 du Giornale storico di psicologia dinamica. Giorgio Antonelli, qui a dirigé ce numéro de la revue, décrit une série de significations possibles du silence, significations qui peuvent être pensées soit comme conscientes, soit, au contraire, comme inconscientes. Le silence peut ainsi être considéré comme «... acceptation... et encore comme agressivité, angoisse de persécution, croissance tranquille, désespoir, distance émotive, expérience d'harmonie, confiance, incapacité à affronter l'anxiété dépressive, intégration, hostilité paranoïde, paix, refus, retrait, découragement, séduction sexuelle, symptôme d'un empêchement à répéter, soupçon, vide ». Je crois, en ce qui concerne le silence dans le travail psychanalytique, qu'il est nécessaire de remarquer la présence, parmi ses différentes significations, d'une grande polarité représentée par le fait que le silence peut être un obstacle mais également une stimulation pour le processus analytique; en 1926, Theodor Reik évoqua le dieu à double visage, Janus.
Le Silence Dans La Communication Et Arts
D'où la multitude des points de tension en cas de non-dit. Illustration Adobestock Le pendant des envolées… le silence « Outre les mots poignants, le conflit peut aussi émerger en sourdine. Contrairement aux idées reçues, le mutisme et le renfermement sur soi ne sont pas de pures marques de silence », comme le rappelle Isabelle Levert (2) dans son ouvrage « Les violences sournoises dans le couple »(3). Hé oui, l'amour et ses paradoxes sont encore une fois de la partie. Ainsi, « le baiser est la plus sure des façons de se taire en disant tout » comme écrivait Guy de Maupassant. Mais il en va de même pour le silence. « Croire que le mutisme est simplement une non-communication est une erreur grave. C'est au contraire une communication et elle peut être particulièrement violente au sein d'un couple ». Notamment lorsque la spirale silence-discussions houleuses (voire cris) se répètent dans le temps. « Cette boucle (…) se répète quasiment à l'identique jusqu'à ce que la relation se déséquilibre dangereusement, provoquant une crise plus importante (en intensité et en durée) que les autres.
Le Silence Dans La Communication Non Verbale
Le silence, quant à lui, peut suggérer un conflit sous-jacent ou la présence d'émotions que l'on préfère ne pas exprimer, alimentant ainsi une certaine insécurité. Le silence est-il toujours inconfortable? Le silence n'est pas toujours inconfortable. Lorsque le lien est suffisamment fort et qu'il existe une relation de confiance, c'est même une occasion de créer des liens. S'il n'y a pas de conflits sous-jacents entre les interlocuteurs, le silence n'est pas chargé des émotions négatives qu'il a pour les personnes dont les liens sociaux sont fragiles ou motivés par la peur. D'autre part, les personnes ayant une bonne estime d'elles-mêmes ont tendance à vivre les silences plus confortablement. Elles ne projettent rien de négatif quant à ce que les autres penseront d'elles, et le silence (qui est parfois le signe de nos peurs et de nos insécurités) prend place tranquillement dans la conversation, sans créer de trouble particulier. Dans tous les cas, on peut tirer parti du silence et en extraire quelque chose de positif: il donne par exemple l'occasion de réorganiser ses idées avant de s'exprimer, offre un moment d'intimité, et peut nous apporter le calme dans un monde souvent bruyant.
D'où l'importance de placer l'écoute et la communication au centre du couple pour démêler les nœuds du ou des problèmes. Selon Isabelle Levert, le moment des excuses où l'on pose les limites sont d'ailleurs le signe d'un équilibre dans la relation. (1) « La perversion: se venger pour survivre », Gérard Bonnet, PUF. Editions Broché, avril 2008 (2) Isabelle Levert est également l'auteur du livre « Les violences sournoises de la famille – De la transmission d'une malédiction à la réparation de soi », Editions Robert Laffont. (3) Source: « Les violences sournoises dans le couple », Isabelle Levert, Robert Laffont, 2016.