Montaigne Essais Livre 3 Chapitre 13
Je me compose pourtant à la perdre sans regrets, mais comme perdable de sa condition, non comme moleste et importune. Aussi ne sied-il proprement bien de ne déplaire à mourir qu'à ceux qui se plaisent à vivre. Il y a du ménage à la jouir; je la jouis au double des autres, car la mesure en la jouissance dépend du plus ou moins d'application que nous y prêincipalement à cette heure que j'aperçois la mienne si brève en temps, je la veux étendre en poids; je veux arrêter la promptitude de sa fuite par la promptitude de ma saisie, et par la vigueur de l'usage compenser la rapidité de son écoulement; à mesure que la possession de vivre est plus courte, il me la faut rendre plus profonde et plus pleine. Montaigne : Essais : Expérience (Livre III, Chapitre 13). (... ) Ce sont gens qui passent vraiment leur temps; ils outrepassent le présent et ce qu'ils possèdent, pour servir à l'espérance et pour des ombrages et vaines images que la fantaisie leur met devant, semblables à ces fantômes qui voltigent, dit-on, après la mort ou à ces songes qui trompent nos sens endormis, lesquelles hâtent et allongent leur fuite à même qu'on les suit.
Montaigne Essais Livre 3 Chapitre 13 Avril
Dans cet essai, Montaigne oppose l'expérience vécue à la connaissance acquise dans les livres. C'est le dernier essai, qui conclut l'œuvre de Montaigne par un hymne à la vie et à la maîtrise de soi. Il définit un art de vivre qui récuse la recherche de la grandeur au profit du simple bonheur de vivre.
Montaigne Essais Livre 3 Chapitre 13 En
La conséquence est directe: la vie est « dédaignable, ennuyeuse », termes redondants, quasiment synonymes -« et » marque la récurrence dans un rythme binaire donnant un effet de renforcement, de balancement, et d'insistance; 3) l'art de vivre de Montaigne (l 8à16) -« mais » marque le ton indigné de Montaigne, le rythme est haché dans la phrase la. Façon de vivre des hommes est 1 injure à la Vie. Montaigne essais livre 3 chapitre 13 en. Il oppose son attitude a celle du vulgaire par différents verbes: « connait trouve tient ». -termes antithétiques: « prisable & commode »…, soulignent agréments de Nature; - Bonheur Homme résulte de ce qu'il a de ce que la Nature offre. -il expose sont art de vivre: « je veux », l'art de vivre demande de l'attention -« tps » opposé à « poids » et donc la rapidité est opposé à là densité. - Oppose « fuite&saisie », « vigueur et hativeté ». De même cela est une forme de récurrence pour marquer la fuite du temps, pour amplifier son art de vivre et montrer sa différence par rapport à l'art de vivre des « prudentes gens » -« profond, pleine » sont opposés à « courte » avec une allitération en[p], il reprend en fait le « carpe diem » - Pour être heureux il faut avoir une attitude active or le vulgaire a une attitude passiveà ainsi la vie est sans saveur.
Il ne faut pas par exemple se priver à outrance de nourriture, comme avait pu le faire Epiménide à son époque, ni même augmenter ces mêmes besoins. De la même façon les désirs corporels doivent être respectés car ils font partie de la nature humaine, il serait injuste de les satisfaire simplement dans une optique de procréation. Montaigne essais livre 3 chapitre 13 avril. Il s'agit d'accepter les désirs tels que la nature ou dieu (puisque pour Montaigne la vie est un don de dieu - dieu au sens de principe créateur) les a crées. Il reproche donc l'attitude ingrate des autres vis à vis de la nature: « ce sont plaintes ingrates et iniques » qui par exemple renient les plaisirs du corps en lui imposant des contraintes. On peut lire ici une critique ouverte du catholicisme et du stoïcisme, notamment à travers les thèmes de l'abstinence et de la chasteté. Il s'agit donc pour Montaigne de défendre la vie contre une morale trop sévère et absurde. Et force est de constater que la volonté de Montaigne s'impose devant une attitude commune qui ne saisit pas l'importance de jouir pleinement de la vie.