À La Ligne Ponthus Analyse
Il veut raconter, sans surjouer les huit heures de travail machinal, la déflagration mentale et physique, la peur de ne pas avoir du travail à la fin de la semaine. Il veut rendre hommage au travail en usine, ou plus précisément à ces travailleurs qui retournent toujours à la ligne, en ligne, à la chaîne. Il parvient à nous faire ressentir l'horreur des abattoirs, nous fait passer l'envie de manger de la viande, jusqu'à ce qu'on partage avec lui des viandes de qualité, dégustées, comme la récompense d'un dur labeur: un pur bonheur, quand même. Nous lisons aussi le courage des ouvriers, leur amitié. Nous découvrons un monde où chacun a le temps de penser, penser à autre chose qu'au travail pour ne pas ralentir. Et lorsqu'un collègue est en retard dans son travail, Joseph Ponthus nous offre la beauté des moments d'entraide. Les moments de partage enfantin, les Arlequins qui sont source de légendes, les galères que chacun encaisse, jamais tout à fait isolément, dans cette ligne mi-humaine mi-machinale.
À La Ligne Ponthus Analyse Dans
Il faut penser vite car tout va vite. J. Ponthus n'a pas le temps de construire des phrases ou de réfléchir à un plan de livre littéraire. Il faut coucher sur le papier ce qu'il ressent avant que le sommeil ne lui prenne ses pensées, lui qui vole à la nuit quelques heures de repos. Il faut user de son temps rapidement avant d'être à nouveau usé par l'usine. Nouvelle mode littéraire: le transhumanisme - Culture Livresque Alors que l'intelligence artificielle et la robotique sont exploitées à n'en plus finir dans le monde littéraire et dans les médias, les films, la vie de tous les jours, parler de transhumanisme semble... Culture Livresque Alison Rendre hommage à un travail difficile Tant qu'il y aura des missions intérim / Ce n'est pas encore le point final / Il faudra y retourner / A la ligne Pas de faux-semblants avec J. Ponthus. Il écrit comme il parle, tantôt très littéraire, tantôt terre à terre, quitte à employer quelques mots vulgaires. Mais il faut dire, ne plus se taire. Il faut dire les difficultés du métier, les problèmes de fonctionnement qui rendent encore plus pénible le travail déjà si insoutenable.
À La Ligne Joseph Ponthus Analyse
Il est certain, qu'à la lecture de ce livre, le lecteur ne peut pas s'empêcher de penser que, si on ne vit pas de l'intérieur le travail en usine, on ne pourra jamais le comprendre vraiment, ce qui devrait faire réfléchir nos dirigeants. Entre les lignes, le lecteur découvre la vie privée du narrateur, son couple uni, l'arrivée à la maison le soir où son jeune chien l'attend et l'oblige à aller se promener même lorsqu'il n'en peut plus, les week-end qui ne servent qu'à retrouver un peu d'énergie pour reprendre avec courage la semaine suivante... J'ai aimé lire ce récit. Tout ce que l'auteur raconte est indispensable pour obliger le lecteur à être attentif, à mieux comprendre le monde ouvrier, la précarité de l'intérim, et la détresse morale de ceux qui bossent pour manger (et uniquement pour ça et payer leur loyer) dans des conditions dignes d'un autre siècle que le nôtre, ce qui devrait tous nous interpeller. Voilà donc un roman-récit-témoignage qui vaut la peine d'être lu pour mieux comprendre les conditions de travail des ouvriers d'aujourd'hui à qui on ne donne que trop rarement la parole (ou seulement au moment où leur usine ferme).
Ce déclassement qu'il a vécu, c'est ce qu'il retrouve chez René Char qui passe de diplômé à la Sorbonne à résistant dans les tranchées. La littérature est sans cesse présente, entre la/les lignes, elle sauvera ses années noires et à la manière d'un Boris Vian, l'usine deviendra ce qu'il en fera "c'est vrai parce que je l'ai inventé". Apollinaire, Trenet et bien d'autres viendront encore traverser son récit. L'auteur va encore plus loin avec un texte hommage à George Perec sur lequel la plupart d'entre nous passons à côté. Un paragraphe entier écrit sans la lettre « e », pour raconter comment "à l'abattoir, aux mauvais jours, on disparait…", comment les corps s'effacent sous les tonnes d'animaux morts à dépecer, découper, transporter… Et Joseph Ponthus de préciser que les sont les personnes les plus nobles et fières qu'il connaisse, et qu'aucun. e ne fait ce métier par plaisir. Il faut bien vivre. Il nous explique également tout le problème de ce travail à la chaîne qui ne pourra jamais être mécanisé: tout ce qui est lié aux vivants nécessite un travail « humain ».